Trois générations après la défaite des forces d'Auristelle contre les incroyants, les hommes ne connaissent plus qu'un monde plongé dans une nuit éternelle. Pour conjurer la malédiction divine, un seul espoir: réussir la mythique Quête qui ramènera la lumière sur le monde. Un exploit qui nécessite des talents complémentaires autant que des tempéraments bien trempés. Alors, tous les cinq ans, cinq adolescents sont condamnés à l'exil: la réussite, ou une errance sans fin dans la nuit...
Voilà un roman devant lequel je suis bien embarrassé pour vous faire sa critique. Car après l'avoir fini, je ne sais toujours pas vraiment ce que j'en pense. Etrange pour commencer une critique de livre, non ?
Peut-être devrais-je d'abord le décrire avant de donner mon avis. Jusqu'ici, ChaOdisiaque avait peu de dark fantasy dans sa bibliothèque. Erreur réparée. Voici 300 pages de pure dark fantasy, sombre et torturée à souhait. Dans un XIVème siècle imaginaire, "desespéré et violent" comme l'indique le quatrième de couverture, nous suivons les traces des cinq derniers "Quêteurs" envoyés par Auristelle, la capitale des Chrétiens. Oui, des Chrétiens. Et voilà ce qui fait de ce livre une espèce d'OVNI. Dans un univers parfaitement imaginaire prend place, partout, la représentation de la religion chrétienne, notamment dans tout ce qu'elle peut avoir de violente, d'intolérante. Mais pas que. Face à elle, les "infidèles", sorte de civilisation difficilement définissable, barbare, sauvage, cruelle elle aussi (tout le monde est plus ou moins cruel dans ce roman). Depuis la sombre cité de "L'Occidan Noir", l'Antépape se complaît dans sa cruauté et sa chasse aux Chrétiens.
La violence est dans les deux camps. Inquisition contre Incroyants. Voir même dans le "troisième" camp, celui des "anormaux", sortes de mutants, apparus avec la chape de Ténèbres qui s'est abattue sur le monde depuis la défaite de Galaad et la perte de la relique de "l'Etoile du Matin" (l'objet de la fameuse "Quête"). Les anormaux, qui finiront par se révolter, devant la volonté d'"aryanisation" du camp chrétien (je n'invente pas, le mot est employé).
Bizarre donc que ce melting pot de références. Le Graal, la plus ou moins légende arthurienne, la chrétienté, les "infidèles" dont les temples ont des minarets, la parabole de la seconde guerre mondiale (on peut difficilement y échapper). Mélange original.
Evidemment, le but est la dénonciation des dérives religieuses et du fondamentalisme. Cela dit, et cela très nettement dans la première partie, mais la sensation persiste dans la deuxième, on se demande toujours plus ou moins où l'on va, et ce que, en fin de compte, veut dire le livre. Je n'ai réellement pas de réponse à cette question, car je suis réellement embêté.
Le tout reste bien construit. Malgré certaines fautes ou oublis de mots à l'impression - dommage - l'intrigue avance bien, part dans des directions originales, notamment dans la deuxième partie, mais ne cesse de flirter avec une énorme pesanteur qui était à deux doigts de me faire lâcher le livre. La ligne n'est pas franchie, mais n'était pas loin. Reste la question du sens du livre. En réalité, à part le fait que le fondamentalisme, c'est violent et timbré, ce que le livre montre bien, je ne perçois pas le fond de la critique, ou bien alors est-elle mal calibrée (comprenez-moi bien, quand je dis que je ne saisis pas la critique de l'intolérance, je ne veux pas dire que le livre l'encourage !). Si le livre voulait simplement dénoncer cette violence, oui certes c'est réussi, mais est-ce que cela valait le coup ?
Bref, voilà un ouvrage pour lequel il va falloir que vous vous fassiez votre propre idée...
Estimation : 4,5/10
Dehors les chiens, les infidèles, est disponible chez Mnémos Fantasy.
Quand j'aurai mon niveau 4 / J'achèterai un cheval / Je sais pas vraiment monter / Tant pis, ça m'est égal ("La vie d'aventurier" POC)
SierrElben, prochainement sur vos écrans !