Eragon et Saphira, sa dragonne, sont à peine sortis vainqueurs de la bataille de Farthen Dûr que des Urgals attaquent de nouveau et tuent le chef des Vardens... Nasuada, sa fille, est nommée à la tête des rebelles. Après lui avoir prêté allégeance, Eragon entreprend avec Saphira un long et périlleux voyage vers Ellesméra, le royaume des elfes, où ils recevront les enseignements d'un vieux dragonnier.
Pendant ce temps, Roran, le cousin d'Eragon, organise la défense de son village contre les Ra'zacs,=n qui au cours d'un assaut enlèvent sa fiancée. Ces épreuves ont endurci le jeune homme. Plus que jamais déterminé à lutter contre l'Empire de Galbatorix, il convainc les villageois de rejoindre les rebelles au Surda.
Désormais, Eragon et Roran poursuivent un seul et même but : détruire les forces du Mal. (Ed. Bayard Jeunesse)
Après un premier tome décevant par son manque d'originalité, Christopher Paolini revient avec le tome II de sa trilogie L'Héritage, intitulée L'Aîné. D'un volume comparable au tome précédent - plus de 800 pages - ce second volume se fixe comme objectif de prolonger l'histoire à succès d'Eragon. Mais en corrige-t-il les défauts ?
Pour un lecteur qui n'aurait pas bien en tête tous les événements du premier volume, un résumé d'une dizaine de pages est proposé en guise d'avant-propos, on n'est donc pas dépaysé. Fidèle à son habitude, l'action commence très rapidement, ce qui ne manquera pas de mobiliser le lecteur enthousiaste du tome 1, et ce qui tente d'accrocher l'intérêt le lecteur déçu.
L'Aîné est, à tous points de vue, la suite direct d'Eragon. On retrouve les personnages familiers qui entourent le héros, et on en découvre de nouveaux, généralement bien amenés, assez intéressants pour qu'ils retiennent l'attention. Les scènes d'action, sans être transcendantes, sont honnêtement rapportées. Paolini cherche à donner à son roman une diversité des points de vue, parfois avec succès, et parfois non. Mais ce tome 2 fait une nouvelle fois voyager le lecteur aux quatre coins de l'Alagaësia, comme le tome 1, du reste.
L'histoire se décompose en deux grands ensembles, comme le laisse penser le résumé. On passe alternativement (tous les 4 à 6 chapitres environ) du point de vue d'Eragon à celui de son cousin Roran, une alternance bienvenue pour ne pas lasser l'intérêt du lecteur. Deux mondes différents : celui de l'épopée épique et de l'apprentissage initiatique, et celui de la menace implacable sur la paix du quotidien d'un simple village. Vous l'aurez compris : deux lieux communs éternels du genre de la fantasy.
Comme le premier volume, L'Aîné dresse, la plupart du temps, un catalogue des figures les plus convenues du genre. S'il fallait juger globalement, l'histoire de Roran, moins "épico-fantastique", est bien plus intéressante que celle de son cousin. L'ambiance du village assiégé qui tente de se défendre avec les moyens du bord, le caractère de certains des personnages, tout cela est assez correctement rendu pour en faire un passage agréable à lire. Le voyage et l'apprentissage d'Eragon, outre qu'ils s'étalent sur de nombreuses pages parfois inutiles, souffrent du même défaut que le premier volume : tout cela fonctionne, ce n'est pas fonciérement mauvais, mais tout lecteur un peu chevronné en fantasy a déjà lu cela de nombreuses fois. Bien plus, la structure globale de L'Aîné ressemble furieusement à celle d'Eragon : un départ déchirant, la menace de l'Empire, un enseignement difficile mais initiatique, et pour finir une bataille épique et sanglante.
La psychologie des personnages est rarement poussée dans ses limites - ce qui aurait pu être intéressant. Les relations amoureuses éveillent une certaine curiosité, mais sont encore une fois traitées sur un registre composé principalement des clichés du genre.
Plus grave, les événements "capitaux", sensés structurer l'intrigue et provoquer le suspense, se voient venir de loin, de très loin. Embarrassant lorsqu'ils sont sensés créer un effet de surprise.Le jeu autour des langues (l'ancien langage, le parler nain, etc...), marque de variété, est malheureusement peu ou mal exploité, les réduisant à un statut de gadget parfois agaçant.
Pourtant, on ne peut nier que certains passages sont réussis, ou tout du moins font preuve d'une certaine originalité bienvenue dans ce flot d'images éternelles empruntées aux plus grands. La traduction de Marie-Hélène Delval, comme elle en a l'habitude, est de très bonne facture.
Il reste de ce tome II de la saga d'Eragon une histoire encore une fois honnête, comportant certains passages à même d'éveiller l'intérêt du lecteur, mais d'autres qui semblent assez inutiles, ou bien sous-exploités. Comme Eragon, L'Aîné est un parfait ouvrage à destination des jeunes lecteurs, mais, malgré certains bons moments, l'histoire est déjà vue, déjà connue, et par trop prévisible pour pouvoir prétendre à rivaliser avec les grandes oeuvres du genre.
L'Aîné est disponible chez Bayard Jeunesse.
Traduction de Marie-Hélène Delval.
Quand j'aurai mon niveau 4 / J'achèterai un cheval / Je sais pas vraiment monter / Tant pis, ça m'est égal ("La vie d'aventurier" POC)
SierrElben, prochainement sur vos écrans !
Heureux de te relire et en pleine forme Kelem.
De la critique comme on l'aime :)
J'ai hâte de voir des avis sur ce livre via d'autres lecteurs ayant parcouru ce bouquin. L'ouvrage ne me tente pas encore assez pour que je m'y attaque, encore merci pour cette vision...