Alors qu'ils croyaient pouvoir enfin se séparer, les aventuriers se retrouvent une nouvelle fois plongés dans les ennuis jusqu'au cou. Pour éviter d'être écartelés par les fonctionnaires de la Caisse des Donjons - et un peu aussi pour sauver le monde, tant qu'à faire - ils n'ont d'autre choix que de partir à nouveau sur les routes. Mais le moment est des plus mal choisis : un incroyable désordre règne en terre de Fangh ! Des centaines de cultistes se font la guerre au nom de leurs dieux. Les Oracles envoient des baroudeurs du pays fouiller la même tour, tandis que des espions sèment la panique dans la grande cité de Glargh en y colportant n'importe quoi... La compagnie continue malgré tout sa course au troisième niveau, à l'objet magique et aux épées géantes. En déjouant de manière grotesque les pièges qui les attendent, mais aussi en endurant les récits elfiques et les blagues naines.
Vous l'avez reconnu, évidemment, il s'agit de l'adaptation livresque du célèbre Donjon de Naheulbeuk, écrit et réalisé par John Lang, alias sur le net "Pen of Chaos". Ou plutôt qu'une adaptation, il s'agit de la suite de la série MP3, qui s'est terminée sur un épisode 30 des plus réussis. On retrouve la fameuse compagnie sans nom à la taverne de Boulgourville, là où les auditeurs l'ont laissée. Si vous avez hiberné sur le net et que vous ne connaissez pas le Donjon de Naheulbeuk, allez donc visiter le site ! Ce roman, plutôt conséquent, fait donc office de saison 3 à la saga. Certains regretteront le passage à la forme écrite, et surtout à la forme payante. Mais il est vrai que cela permet de décrire des situations trop difficilement exploitables sous la forme sonore.
C'est l'occasion de développer un peu l'univers burlesque et moqueur envers les codes de la fantasy. On découvre de loin des lieux épiques tels que le Marécage de l'Eternelle Agonie, ou les fameuses Collines d'Altrouille. Bref, du folklore assez amusant. Dans un ton très vif, et assez bien rythmé, le roman est plutôt bien construit, autour d'une intrigue serrée, qui se résout à la fin (le roman n'appelle pas une suite, ce qui laisse toute latitude à l'auteur pour varier à nouveau son format, très habile).
On peut regretter une première partie du livre assez faiblarde, qui laisse un arrière-goût un peu amer d'adaptation facile, car on retrouve plus ou moins les mêmes procédés de dialogue que l'on a dans la saga mp3. L'avantage est que l'on reconstitue facilement les voix des protagonistes, pour peu que l'on connaisse la série; Pour ceux qui découvrent, les rappels des "épisodes précédents" sont plutôt bien amenés, sans lourdeur excessive. Mais je reviens à cette première partie, parfois lente. Le style d'écriture est simple, et l'on peut regretter quelques défauts récurrents (notamment l'utilisation intempestive du verbe "soliloquer", c'est assez crispant !), ainsi que des répétitions dans l'action un peu trop faciles (l'évocation des formes avantageuses de l'elfe, notamment après son niveau 3, captant tous les regards masculins est amusant 2-3 fois, mais pas 10 fois...) . Cependant, la deuxième partie apporte enfin ce qui est attendu. J'avoue avoir éclaté de rire plusieurs fois devant les tribulations de la compagnie, que je citerais pas bien sûr. Le rythme s'accélère à la fin de l'histoire, et cette deuxième moitié du livre se révèle en fait assez plaisante.
Notons une astuce narrative, la forme du "bulletin cérébral", en fait la pensée en direct des différents personnages. Si parfois, on pourrait l'éviter, certains sont assez redoutables, notamment les inévitables Ogre et Barbare, ainsi que la mauvaise foi inimitable du Nain.
Au final un roman qui ne restera peut-être pas dans les annales, mais cela n'est pas son ambition, mais qui s'adresse volontiers au fan de l'univers de PoC. Ceux-ci ne seront sans aucun doute pas déçus (le combat naval sur le bateau restera un moment inoubliable de la saga) par ce prolongement plutôt réussi de la saga. Pour les autres, qui ne se tourneront peut-être pas naturellement vers ce livre, cela restera un essai de fantasy burlesque qui aurait pu être plus subtil et moins répétitif, car le potentiel est clairement là . C'est donc pour penser à tout le monde que mon estimation tient compte de ces deux aspects. Mon sentiment personnel m'inciterais à monter le chiffre, mais la comparaison avec d'autres oeuvres me souffle qu'il convient tout de même de rester raisonnable. Quoi qu'il en soit, si vous aimez l'univers et l'humour de PoC, vous serez sans aucun doute satisfaits.
Le Donjon de Naheulbeuk : la Couette de l'Oubli est disponible aux Editions Octobre (18€50).
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Quand j'aurai mon niveau 4 / J'achèterai un cheval / Je sais pas vraiment monter / Tant pis, ça m'est égal ("La vie d'aventurier" POC)
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