A peine plus qu'un adolescent, Wyl Thirsk doit assumer le rôle pour lequel on le destinait depuis sa naissance : commandant en chef des armées de Morgravia - une énorme responsabilité qui le conduit droit à la cour du prince Celimus. Ce dernier, cruel despote qui se délecte de la souffrance des autres, prend un malin plaisir à forcer son nouveau " général " à assister à ses divertissements malsains. Mais un geste de bonté envers une sorcière condamnée au bûcher vaudra à Wyl un don miraculeux ainsi que la colère de son seigneur et maître. La guerre menaçant au Nord, Wyl doit obéir aux ordres du maître Célimus et se voit confier une mission suicidaire à la cour ennemie - avec pour seule arme un mystérieux pouvoir dont il ne soupçonne même pas l'existence. Or, s'il n'embrasse pas le Dernier Souffle de Myrren, il sera détruit... et avec le pays qu'il a juré de défendre.
Aujourd'hui, présentation du premier volume d'une série qui en compte trois, Le Dernier Souffle, de Fiona MacIntosh, qui a reçu pas mal de critiques positives dont celle de... Robin Hobb, et vous commencez à comprendre qu'elle est un peu ma référence dans le monde de la Fantasy !
Le Don est d'abord un gros pavé. Si vous vous lancez dans la série, vous aurez de la lecture, c'est indéniable. Mais que valent au juste ces 600 pages. Nous ne pouvons pas laisser le célèbre éditeur Bragelonne dans l'état où je l'avais laissé après la critique de L'Epée de Vérité, disponible un peu plus loin dans ce forum. Il est donc temps maintenant de s'atteler à un bon livre.
L'histoire suit dans ses grandes largeurs l'histoire, assez mouvementée, de Wyl, promis pratiquement au poste de second au royaume de Morgravia. Le début du livre est malheureusement trop banal. On se méfie alors : ne serait-ce pas une énième répétition du schéma "jeune-héros-à -l'avenir-non-maîtrisé-mais-qui-va-quand-même-sauver-le-monde" ? Le danger des livres de fantasy est donc de s'arrêter au bout de quelques pages devant une telle accroche : non, il faut persévérer au risque de passer à côté d'un très bon bouquin ! C'est le cas incontestablement ici. Passés les premiers chapitres, l'intérêt du livre se dévoile grandement, et avec lui le mystérieux "Don" qui suivra Wyl tout au long de la trilogie. Incroyable astuce scénaristique de la part de l'auteur ! Car, d'après mes impressions, c'est une idée qui semble être quelque chose de vu et revu, mais en fait, quand on y pense, très peu ont osé suivre ce fil rouge, très bien tenu ici. Et l'histoire de décoller allégrement, et les pages de se succéder sans temps mort. Je n'en dirai pas plus publiquement sur ce don. Le récit subit de violents aiguillages, et, même si certaines scènes sont (un peu) prévisibles, bien malin qui pourra deviner où est-ce qu'on va à la fin du volume, qui réserve une surprise DE TAILLE. Incontestablement, pour qui lira le Don, la suite s'imposera rapidement.
Si vous cherchez enfin une série fantastique où le héros n'est pas tout puissant, mais qui bien au contraire va de désillusions en dangers mortels, Wyl Thirsk devrait vous convenir. Fiona MacIntosh, comme Robin Hobb qui conseille son livre, semble prendre un malin plaisir à torturer son héros au fil des pages, plaisir que le lecteur retrouve dans une série originale, bien conduite, bref, à lire. Et je pense que le tome 2 devrait réserver de bien grandes surprises, et je pronostique un livre encore meilleur que le premier. Vous aurez donc droit à la critique détaillée des trois livres, une fois qu'ils seront lus. Le Dernier Souffle peut, en toute confiance, être mis sur la liste des potentiels achats en cas de temps morts de lecture !
On retrouve dans le tome 2 le jeune Thirsk dans l'état un peu inquiétant où on l'avait laissé. Il se confirme bien que Fiona McIntosh a été élevée à l'école "Robin Hobb", privilégiant des souffrances sans fin à son personnage principal pendant les 95% de l'histoire. Et je dois avouer que le tout est vraiment très réussi.
La trilogie évite de façon très inventive l'écueil du camp des bons / camp des méchants, même si les trois principaux personnages sont tout de même bien identifié pour l'un et l'autre côté, beaucoup de protagonistes gardent assez de subtilités pour ne pas lasser de nous surprendre au fil des pages. Bien sûr, le tout n'a pas la complexité du Trône de fer, qui garde une avance assez nette quant à l'indistinction de la frontière Bien/Mal, mais cette grosse trilogie (il y a de quoi lire) est tout à fait convaincante.
Le tome 2, comme le dit la page "Remerciements" a été, pour l'auteure, assez "difficile à écrire". Hé bien, cela se sent, car il semble légèrement en dessous des autres. Même si l'horreur s'accroît, ce volume central semble un peu manquer de rythme par rapport à la fin impressionnante du tome 1. Les ficelles se ressemblent, même si l'intrigue avance bien, et qu'il semble bien difficile de s'arrêter au milieu de ce volume central ! Car il réussit néanmoins à ne pas lasser le lecteur : tous les fils de l'intrigue sont bien inextricablement mêlés : les révélations sont distillées au compte-goutte, et cela ne suffit bien sûr pas à contenter les lecteurs avides de connaître la (ou les, plutôt) clef(s) de l'histoire.
Ce léger manque de rythme du tome 2 est bien vite oublié à la lecture du tome 3, incontestablement le plus réussi des trois. Le chemin balisé aurait été une progression constante vers une résolution heureuse pour ce dernier pan de la trilogie (le fond du trou étant le milieu / la fin du tome 2). Mais non, ce n'est pas ce qui se passe, et ce n'est quand dans les derniers linéaments de l'histoire de Wyl que l'on verra se dessiner la conclusion, qui, si elle est attendue, surprend dans sa forme, et se fond assez bien dans un conventionnel happy end.
Quand j'aurai mon niveau 4 / J'achèterai un cheval / Je sais pas vraiment monter / Tant pis, ça m'est égal ("La vie d'aventurier" POC)
SierrElben, prochainement sur vos écrans !