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La Fureur dans le Sang

Le Fureur dans le Sang est une série policière britannique qui s'achève cette année avec la diffusion de la sixième et dernière saison sur ITV en Angleterre, et sur Canal+ dans nos contrées (la diffusion est en cours). Si vous ne connaissez pas, vous n'êtes pas le seul, tellement cette magistrale série est injustement méconnue. C'est donc un petit rattrapage que je vous propose.



La Fureur dans le Sang, plus connue en anglais sous le titre Wire in the blood raconte les enquêtes menées par la cellule de la police criminelle de la ville imaginaire de Bradfield, en Angleterre. La section, dirigée par le Commissaire Carol Jordan dans les saisons 1 à 3 et Alex Fielding dans les saisons 4 à 6, enquête plus spécifiquement sur les crimes en série. Et pas n'importe quels crimes car, comme le laisse penser le titre de la série, on assiste au fil des épisodes aux pires horreurs possibles (et cela va crescendo au fur et à mesure des saisons, si si, c'est possible).

Alors bon, dit comme ça, vous allez me dire "Encore une série policière et encore des tueurs en série". Oui, mais non. Au delà de l'aspect purement technique et artistique sur lequel je vais revenir, cette série a un atout de taille dans sa manche. C'est bien sur le héros principal, le Docteur Tony Hill.



Tony Hill est en effet docteur en psychologie, professeur réputé à l'université. D'abord il aide l'équipe de police, avant d'en devenir presque un membre à part entière, à résoudre les enquêtes, en qualité de profiler. Mais ce n'est pas un profiler comme les autres, il est bien plus impressionnant que ça. Comme l'indique le sous-titre anglais de la série, Le docteur Hill s'infiltre - et nous avec - "dans la tête du tueur". Les épisodes sont ainsi construits autour du portrait psychologique dessiné par Tony, méthodiquement, à petit pas, parfois avec des hésitations.
Le résultat est saisissant. Les meurtres sont tous horribles, particulièrement opaques - il ne s'agit pas d'une de ces séries où l'on voit à l'avance qui est le meurtrier, c'est garanti -. Et l'on s'émerveille de voir les pièces du puzzle s'assembler au fil des monologues du psychologue, qui apprécie beaucoup de parler tout seul chez lui pour essayer de démêler le fil du mystère.

Mais Tony Hill n'est pas qu'un profiler. C'est aussi un personnage à l'humour ravageur, incroyablement drôle, mais aussi maladroit, timide, gauche. La prouesse de Robson Green, l'acteur, est donc de tous les instants. Il n'est pas le seul, mais il contribue grandement à donner ce cachet si particulier à cette série. Les deux couples qu'il forme avec les deux chefs féminins de la police sont irresistibles et ambigus. La construction psychologique - ce n'est pas étonnant vu la fonction du héros - des personnages et des scènes est toujours époustouflante. Globalement, c'est la performance de tous les acteurs qui est à noter, des équipes de police comme des témoins ou des criminels d'ailleurs.

Si j'ai parlé de "cachet" de cette série, c'est que c'est le mot. J'y insiste, c'est une série britannique et cela a une importance considérable. Oubliez le torrent d'effets spéciaux du style des Experts, oubliez les artifices rythmiques et dynamiques de caméra du style de The Shield ou de 24, La Fureur dans le Sang cultive les plans longs, posés, réfléchis, laissant le temps à l'horreur, à la pression, à la logique implacable du meurtrier et du psy clinicien de se mettre en place. A mon sens, c'est avec ce rythme que le mot "thriller" recouvre toute son importance.



Cette série n'a que six saisons. Et si vous vous attendez à un déluge d'épisodes (plus j'y pense, plus je me dis que nous tenons là la série anti-Experts), détrompez vous. Chaque saison ne comporte que 4 épisodes (et la saison 1 n'en compte même que 3). Mais bien entendu, chaque épisode est bien plus long, à hauteur d'une 1h30, rallongeant d'autant la pression et la durée des enquêtes. On ne voit pas le temps passer, et c'est le cas pour tous les épisodes : chaque enquête est minutieusement soignée par un scénario impeccable.

Je ne suis pas spécialement un fervent des séries policières, qui bien souvent me laissent plus ou moins indifférent. Mais j'ai beau chercher, je n'arrive pas à trouver de défaut à Wire in the blood, disponible en DVD à prix modique (entre 15 et 25 euros la saison - comparez les concurrents !). Elle a été bien malheureusement sacrifiée par sa chaîne sur l'autel de la crise et des économies. Une raison de plus de savourer chaque minute de chaque épisode à sa juste valeur : celle d'une série magistrale, aussi incontournable qu'elle est méconnue, par rapport aux rouleaux compresseurs du genre.

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