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Solaris (de Steven Soderbergh)
Sorti en 2003, Solaris a de quoi attirer le public. Associant à la réalisation Steven Soderbergh et à la production James Cameron, le film dispose en plus d'un atout majeur : Georges Clooney à l'affiche. Mais avec tout ce qui annonce le bon gros film hollywoodien, quelle est la qualité du film, au final ?
Si vous vous attendez à un film de science-fiction comme on en voit des dizaines chaque années, passez votre chemin, même si les dix premières minutes peuvent être diablement trompeuses. La station spatiale Prométhée abrite une expédition de scientifiques décidés à percer les mystères de la lointaine planète aquatique Solaris. Mais la mission est en danger : la station a coupé toutes les communications avec la Terre, et personne ne sait ce qu'il s'y est passé. Sur terre, le docteur psychiatre Chris Kelvin (Georges Clooney) reçoit un appel de détresse émanant de son ami Gibérian, présent sur la station.
Une fois sur place, Kelvin découvre que son ami s'est suicidé et qu'il ne reste que deux survivants à bord, ne lui donnant que des explications vagues, sinon nébuleuses, du fait de leur stress élevé et de leur paranoïa. Reste à Chris de découvrir ce qui se passe sur ce vaisseau, jusqu'à ce qu'une force mystérieuse se présente à lui après une nuit de sommeil, prenant la forme de sa femme Rheeya (Natasha McElhone), morte par suicide il y a quelques années...
Vous le constatez, les dix premières minutes laissent présager un film au scénario déjà vu des centaines de fois, et l'on se prépare déjà à ne sauver que la beauté de la photographie, froide mais étrangement séduisante. Il n'en est cependant rien.
Le film bifurque très rapidement sur la question de la frontière entre la réalité et l'illusion, et se centre sur l'histoire d'amour, retrouvé ou impossible, entre le héros et l'image de sa femme. Entrelaçant les flash-backs, les interrogatoires avec les deux autres membres de l'équipage, et les moments de suspension, de contemplation du Prométhée flottant autour de Solaris, le film en vient à séduire par son rythme lent, très lent, mais qui capte toute l'attention sans sombrer dans le larmoyant.
Au sortir du film, on se dit qu'on ne vient pas de voir un film de science-fiction, ou alors épuré et réduit à la pure "plastique" : vaisseau spatial, combinaison, planète mystérieuse, technologie avancée. Solaris est bien plutôt un film intime, jouant sur le fil ténu de la logique spatio-temporelle. Oscillant constamment entre la pure réussite cinématographique et l'étrange sensation d'inachèvement, la grande performance de Clooney laisse oublier les quelques doutes. Si vous n'arrivez pas à vous défaire de votre rationalité, la fin vous paraîtra suspecte.
C'est peut-être pour cela que je n'arrive pas à classer ce film dans le rayon "science-fiction" : car Soderbergh réussit fort subtilement à gommer la "science" pour s'aventurer dans les nombreuses possibilités de la "fiction".
Solaris
14/20
Intéressant film de science-fiction que je vous engage à voir : très réussi esthétiquement par sa beauté froide, le film ouvre de nombreuses pistes interprétatives. Trop nombreuses peut-être, au risque de décrocher. Mais si vous arrivez à y rentrer, vous ne serez pas déçus du voyage.
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Merci Kelem, ça fait du bien de lire de nouveau tes critiques. Agréable et pertinente à souhait, on sait si ce film devrait nous toucher ou non.
Pour ma part, il me semble avoir vu quelques passages du film, il y a quelques années, mais ça ne m'a pas marqué plus que ça. A voir donc, avec un œil nouveau.
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