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#1 30-10-2009 18:37:42

Luhkah
ChaOtributeur
Date d'inscription: 14-06-2008
Messages: 572

Une nouvelle pour Exosphère...

Voilà, j'ai pondu une nouvelle pour Exosphère et je voulais la partager avec vous.

Bonne lecture !



  Quelque part dans la cité orbitale de la Nouvelle Shandar, dans un bar nommé Le Colisée,  Andrew Kwan savourait sombrement son amertume, arrosée d’une excellente dose de Jack Daniels.
  De l’autre côté de la bouteille et de la nuit, Kwan n’avait que la zone publique comme perspective, et l’alcool agissait comme une nuit éthylique sur l’horizon bouché de son existence.



  Tout avait bien commencé pourtant : Quelque part dans le torrent des siècles, les parents d’Andrew avaient jetés toutes leurs économie pour donner à leur fils un génotype correct, permettant à sa destinée de louvoyer entre l’obésité, la calvitie, les névroses, psychoses et autres problèmes d’origine héréditaires qui empoisonnait la vie du commun des mortels.
  Comme la piété filiale l’exigeait, Andy avait respecté et honoré ses parents, il avait évité l’essentiel des bagarres des taudis de la Nouvelle Shangaï, restant cloîtré chez lui, branché la plupart du temps sur son interface virtuelle pour étudier, être accepté à l’université. Lorsque le  jour de la remise de son diplôme arriva, son père avait brisé le vernis de l’étiquette en pleurant de joie. 
  En toute logique, Andrew Kwan s’était engagé dans la Fraternité de la Conquête Céleste, responsable de l’effort colonial de la Colonie Planétaire Démocratique Populaire Chinoise du Wuxao.
  Etant fils originaire d’une famille descendante d’immigrés américains chinois réintégrés, le bureau du plan les avait installés dans l’un des pire quartier de la ville, et il avait grandi sous l’œil inquisiteur des services de sécurité du Wuxao. Il n’avait pas eut d’autre choix pour sortir sa famille de cette honte ancestrale, que d’opter pour une carrière professionnelle contribuant à l’effort colonial.


  Kwan regarda les basses de la musique X’aï propager des ondes concentriques à la surface de l’alcool dans son verre.
  Aujourd’hui, son choix se résumait à ceci : boire ses verres cul sec, et ainsi profiter de l’oubli procuré par l’ivresse en sachant que le réveil n’en serait que plus dur. Ou faire durer le plaisir, et ainsi profiter du dernier soir qu’il passerait en zone Nexus le plus consciemment possible, mais ainsi laisser l’angoisse et l’amertume le guetter toute la soirée.
  Il risqua un regard à sa gauche : deux magnifiques jeunes femmes humaine d’origine africaine au génotype ultra perfectionné riaient tranquillement en compagnie de deux Karnos aux charisme magnétique. Les deux panhumains étaient noir, eux aussi, leur beauté égalait celle des jeunes femmes, leurs peaux décorées de motifs complexes d’un blanc lumineux et mouvant, dans un antique style techno tribal. Ils étaient minces et grand comme des Massaï, leurs cheveux étaient longs et tressé en rasta, des cornes émergeant de façon étrange de leurs coiffures.
  Leurs décontractions naturelles auraient put humilier celle des félins, mais ils se gardaient jamais de risquer un seul regard en direction de Kwan : Les Karnos étaient doués d’empathie, et ils n’avaient pas envie de ruiner leurs soirées.
  Kwan vida son premier verre cul sec.
  Il sentit la douce chaleur de l’alcool l’envahir, et donner à son environnement une consistance, un feu qu’il lui avait échappé avant. Une pointe d’extase éthylique commença à danser sur son palais.



  Il n’y avait pas eut d’extase lorsque Kwan, 300 ans plus tôt, avait opté pour l’embarquement sur la « Barque Jaune », un vaisseau spatial de colonisation cryogénique. Plutôt un froid calcul : c’était un moyen d’échapper aux espoirs étouffant de sa famille tout en la réhabilitant. Il devait passer 10 ans dans un froid sommeil, 15 années à installer le « creuset de la vie » : une gigantesque machine de terraformation et ne revenir qu’au bout de dix années de voyage supplémentaire en héros.
  Les missions de colonisations étaient, selon les rumeurs des bars environnant les aires de lancement de la nouvelle Shangaï, difficiles aux mieux, dangereuses, voire suicidaires au pire : des équipages se mutinaient, des aséroïdes percutaient parfois les vaisseaux et les réduisaient en bouillie, ou un soleil crachait ses éruptions solaires et les ondes électromagnétiques coupaient brutalement tout le système électronique du vaisseau, condamnant instantanément tout l’équipage a une mort silencieuse et glacée.     
  En embarquant, Kwan ne s’était guère attendu à survivre.
  Et il n’aurait peut être pas préféré.
  Il s’était allongé dans le cercueil cryogénique après un exercice respiratoire que lui avait enseigné son sifu. Au-delà des siècles, il entendait encore sa voix et son ton moqueur : « Tu es le singe coureur : agile, vif, mais toute ta force ne sert en qu’à assouvir tes instincts les plus égoïstes et les plus primaires. »



  Repenser à son sifu mettait Kwan mal à l’aise. D’une certaine manière, cet homme froid dépourvu de passion et d’intérêt réel pour autrui avait été le seul à voir au travers de lui. Kwan sentit l’envie et la jalousie en regardant les deux Karnos séduirent sans même y penser les deux femmes. Etrangement, avant d’arriver dans le Nexus, il n’avait jamais vu de femme d’un autre type qu’asiatique, à cause de la censure génétique de la Colonie Populaire, et à cause de cela, ces dernières l’attirait sexuellement d’une manière brutale.
  Ils avaient beau vivre sur la même cité orbitale,  les circonstances faisaient que ces femmes auraient aussi bien put vivre sur une autre planète. Kwan était ce qu’on appelait aujourd’hui un « Lazare », ou un « décongelé ».
  Ces mots, il n’en avait pas compris tout le sens à son réveil. Le sommeil cryogénique ne semblait pas lui avoir duré plus de 15 secondes, mais 3 siècles étaient passés tandis que la Barque Jaune avait dérivé sans fin dans l’espace, tentant d’atteindre une planète qui n’existait plus, et que la Colonie Populaire Chinoise du Wuxao avait disparue dans l’enfer de plasma des canons Behemoth d’un clan X’aï.
  Pendant son sommeil, devait-il apprendre par la suite, cette race extraterrestre guerrière avait déferlé sur l’humanité, et en cinquante années de guerre génocidaire, avait manqué de la faire disparaître pour de bon avant de finalement s’adapter au monde humain dans une paix aussi étrange que houleuse.
  Ironiquement, seule la technologie obsolète de l’humanité l’avait sauvée, le nombre de nations humaines isolées étant si élevée que les X’aï n’avait aucune chance de les repérer toute, et leur système de vol interstellaire était tel qu’ils manquèrent presque tout les vaisseaux lancés dans la nuit intersidérale.
  Quand la guerre s’acheva, l’humanité fit ce qu’elle avait toujours fait, c’est-à-dire qu’elle ramassa les morceaux, reconstruisit sa civilisation chancelante et retourna à ses disputes intestines.
   L’équipe de sauvetage appartenait à la nation du Nexus, l’une des quatre grandes puissances interstellaires régnant sur l’Exosphère, l’ensemble de l’espace connu.


  A quoi ressemblait le Nexus ?
  Il suffisait à Kwan de balayer le bar du regard : Dans un coin, les phéromones odorantes des conversations des membres de l’Essaim Humain lui parvenaient par vague d’odeurs étranges tandis que dans l’arène du Colisée, les responsables de la quasi-destruction de l’humanité, désormais intégrés à cette dernière, se battait entre eux pour passer le temps, s’arrachant joyeusement des membres et se brisant des os qui ne mettrait pas vingt-quatre heures à se régénérer complètement.  A sa droite, se tenait un groupe que Kwan avait d’abord prit pour des êtres humains, et qui s’avérait en fait être une club de rencontre pour intelligence artificielle ayant greffer leur conscience dans des corps biologique pour pouvoir philosopher sur la nature humaine à partir d’information de première main.
   Oh, bien sur ! Il y avait des gens « normaux », mais la conception du normal du Nexus était aussi éloignée de celle de Kwan qu’aurait put l’être celle de l’homme du vingtième siècle de celui du moyen-âge.
  Kwan sourit en se rappelant ses tentatives de conversation avec eux : Intelligents, communiquant dans un jargon incompréhensible, une partie de l’esprit perpétuellement branché sur des états de consciences alternatifs, ou parallèles, ou les deux à la fois, ils semblaient être dotés de toute les réponses aux questions qui avait fasciné les contemporains de Kwan, mais semblaient rarement capable de les communiquer du seul fait de l’écart technologique et culturel.
  Quand ils y parvenaient, ils donnaient à Kwan l’impression qu’il était stupide.
  Le futur était tel que la vie de tout les jours étaient un défis pour l’équipage de la Barque Jaune : ou plutôt de ceux qui avait survécu.
  A priori, aucun des 1307 membres d’équipage de la barque jaune ne possédait de compétence qui ne soit inutile ou dépassée dans ce futur : les autorités publiques leurs avaient donc fait un rapide récapitulatif des derniers évènement historiques, avant de les abandonner à la rue avec un pécule minimum.
  Les plus futés, dont Kwan regrettait de ne pas faire partie, vendirent la Barque Jaune à un musée en échange d’assez d’argent pour leur permettre de s’exiler dans une nation plus accessible à leur compréhension, mais il n’y avait eut d’argent que pour une douzaine d’entre eux, aussi se firent-ils discrets et Kwan n’en sut rien avant qu’il soit trop tard. 
  Un autre petit malin vendit ses mémoires à un éditeur qui les diffusa sur le réseau, Kwan pouvait en lire des extraits diffusés sur les canaux média de la réalité augmentée mais il était trop dégoûté de ne pas y avoir penser plus tôt pour donner dans le masochisme. Quelques uns moins chanceux firent des investissements en bourse, mais ignorant tout du marché, la plupart perdirent tout leur argent en quelques jours.
  Kwan et quelques autres, avaient compris l’utilité de la réalité augmentée comme base d’information, et c’étaient achetés des lunettes d’accès bon marché pour avoir accès aux demandes d’emplois et à tout un océan de savoir leur permettant de comprendre à quel point ils étaient devenu obsolète…mais leur permettant de vivoter désespérément.
  Mais l’immense majorité de l’équipage finit dans les zones publiques, rendu névrosée par ce futur dans lequel il n’arrivait pas à se trouver une place, proies idéales pour tous les dangers qui pouvaient y roder…



  Le Nexus n’était qu’un gigantesque état corporatiste, et les zones publiques n’était que la transposition locale des bas quartiers dans lequel avait grandit Kwan : tout ceux incapables de s’adapter, tous les dissident et les criminels en fuite finissaient dans la zone publique et s’y voyaient confiner.
  Le Nexus, en tant que groupe privé, n’était légalement pas tenu d’assurer quelque service que ce soit : sécurité, électricité, nourriture, même l’oxygène était à charge des habitants des zones publiques.
  Ils recevaient juste dans ces dernières l’excédent de ce que la station orbitale produisait et vivaient en communauté parasitique : de fait, les zones publiques étaient des endroit lugubres, partiellement irradiés, froids, à l’air parfois raréfiés, et hantés par des groupes de criminels prêt à vous égorger pour pouvoir vendre jusqu’à la dernière de vos cellule comme biomasse à un extraterrestre carnivore, en admettant qu’il ne soit pas assez affamés pour la dévorer eux même. 
  Les seules cinq minutes que Kwan avait passé en Zone publique l’avait terrifié et déprimé: il avait vu des enfants sauvages réduit à chasser des cafards géant pour les dévorés. Il avait fuit au travers d’un labyrinthe de plaques d’acier rouillées encombrées de détritus pour échapper à une secte composée d’animaux à l’intelligence augmentée.
  Il ne sut jamais si ils voulaient le convertir ou le dévorer, apparemment, ils avaient été fichés comme criminel par la sécurité du Nexus, et les drones de sécurité eurent tôt fait de réduire en cendre tout ceux qui furent assez bête pour s’approcher trop prêt du check point.
  Kwan fut estomaqué lorsqu’il dut payer la moitié de ses économies pour seulement pouvoir entrer dans la rue et époustouflé lorsqu’il y pénétra : des essaims d’oiseaux discutaient en anglais dans des arbres aux feuillages multicolores garnis de fleures vidéo, des monstres sortis tout droit de film d’horreur déambulaient tranquillement parmi les passants, aussi peu soucieux d’eux que des minuscules unités de maintenance zigzaguant entre leurs pieds.
  Même avec l’aide des passant, il lui fallut plusieurs heures pour trouver la boutique d’informatique que le conseillé d’intégration lui avait indiqué. Là, il acheta une paire d’antique lunette virtuelle possédant un module RA qui lui indiqua comment trouver le centre civile ou il se paya un une Action symbolique lui donnant la citoyenneté du Nexus ainsi qu’un identifiant électronique.
  Presque tout le reste de son argent fut engloutis dans la location d’un habitat sur le spatioport : un box en aluminium de deux mètres de long, 1 mètre haut et d’autant de large éclairé par un néon de morgue blafard.
  Cela ne l’avait pas sauvé pour autant. Pendant les trois jour de loyer qu’il pouvait se permettre, il découvrit que toute ces connaissances en ingénierie spatiale ou presque était devenue obsolète. Personne ne voulait réellement l’embaucher. Même pour les boulot les plus ingrats, on avait crée des générations de Bioroïdes et de machines intelligentes remplaçant avantageusement n’importe quel être humain.
  Son bail avait expiré ce matin même.
  Sans argent, il était incapable de trouver un endroit légal ou dormir, la sécurité ultraperformante du Nexus ne manquerait pas de le ramener dans le seul endroit où l’on acceptait que dorment les SDF : en zone publique.
  Le Nexus était un monde augmenté, accéléré, et Kwan se sentait comme un sprinter à bout de souffle dans une course désespérée contre l’avenir, à jamais incapable de rattraper le rêve pour lequel il s’était endormi trois cent ans plus tôt.


"Le Pr. Luhkah a toujours quelque chose à dire !"

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#2 30-10-2009 18:38:49

Luhkah
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Re: Une nouvelle pour Exosphère...

Il soupira.
  Savourant le verre suivant, et réalisant que cette bouteille pourrait bien être la dernière de sa vie. Au moins, ce bar proposait des combats en divertissement, avait la gravité, et l’alcool n’était pas cher.
  Il remit sa vielle visière RA sur le nez, et se chercha à s’abrutir de télévision. Il regretta se geste presque aussitôt. Le canal de la zone publique diffusait les infos, et le décompte exact des survivants de la barque jaune.
  Il restait 612 membres de l’équipage dans la zone publique.
  Il édita les infos, et zappa sur toute une série de publicité dont chaque était produits plus incompréhensible que le précédent : conversion morphologique, cure de jouvence psychique, location d’eidolon, tutelle de Bioroïde…
  Après cinq minutes, Kwan finit par tomber sur un programme pornographique Karnos, disponible en « sensorium intégral », mais les lunettes RA de Kwan ne possédaient qu’un systéme Audio/Vidéo.   
  Il plaça le programme en fenêtre restreinte, histoire de garder un Å“il sur ce qui se passait autour de lui dans le bar, et bava bêtement sur la nudité d’une douloureuse et absolue perfection de l’actrice principale en continuant de siroter son verre.
  Le Colisée était un bar élégant, mais classique, ressemblant un peu au bâtiment qui avait inspiré son nom. Au centre se trouvait l’arène dans laquelle les clients le désirant se battaient entre eux, tandis que le reste des clients s’installaient dans les gradins ou se trouvaient des tables de bois synthétiques, applaudissant quand l’un des combattant mettait son adversaire hors de combat d’une manière spectaculaire.
  La plupart du temps, les combattants repartaient en civière. Kwan se demanda quel genre de vie ces gens menaient pour pouvoir désirer se retrouver au centre de l’arène, puis il songea aux autres bars.
  Il avait fait une dizaine d’établissement proposant des services et des boissons incompréhensibles ou hors de prix avant de tomber sur celui-là. Juste avant d’échouer dans le Colisée, Kwan était tombé dans un bar dont les murs étaient entièrement fait d’une matière organique extraterrestre vivante et où les clients se baignaient dans des étangs sanglants, tentant d’y attraper les minuscules têtards immondes qu’ils s’amusaient à tenter d’avaler vivant ensuite.
  Kwan s’était rué vers la sortie, une nausée bilieuse montant en lui.
  Ce n’était pas si mal ici : S’il ne regardait pas trop la fosse ou s’étripait les X’aï, l’endroit semblait presque normal.



  Kwan en était à son sixième verre lorsque la réalité augmentée locale lui indiqua l’arrivée de Daryl Jamemba dans un déluge d’effets spéciaux sonores, une grosse voix virile lui annonçant l’entrée dans le Colisée de « l’homme  génétiquement modifié pour le succès !»
  Il jeta un Å“il sur un homme parfait, d’origine caucasienne, aux traits finement ciselés et au port aussi altier qu’arrogant. Il projetait des ondes d’assurances, comme si l’univers n’avait été qu’un gigantesque lycée dont il aurait été l’unique vedette sportive.
  Ses yeux étaient bleus ciel, son sourire si aiguisé qu’il aurait put couper la trajectoire d’une étoile filante, et ses vêtements étaient un mélange à peine croyable de projection holographique et de tissus complexes, qui luisaient comme des mécanismes immaculés d’or et d’argents, dont le mouvement constant lui rappelait le mécanisme interne des antiques horloges exposées dans les musées de son ancienne planète.
  Ignorant le fait que tout le bar se tourna vers Jamemba, Kwan s’écrasa, grommela sur sa tranquillité, qui si elle n’était pas défunte, semblait clairement en phase terminale. Andy se serait bien dirigé vers la sortie si la foule de groupie qui accompagnait Jamemba n’obstruait pas la sortie.
  Kwan ne pouvait apparemment pas se déconnecter du réseau local, il se contenta donc de le mettre en sourdine et d’augmenter le volume de la télé. Le film porno était finit depuis longtemps, mais le programme suivant était une reconstitution antique de la chute des Etats-Unis d’Amérique qui rappelait un peu à Kwan les émissions de propagande de chez lui.
  Sa bouteille était presque vide et à l’écran, le dernier président venait d’annoncer les larmes aux yeux la dissolution du Congrès lorsqu’il se résolu à sortir du bar, désormais bondé et dans lequel la foule à la mode le mettait de plus en plus mal à l’aise. 
   Il se leva et commença a se frayer un chemin vers la sortie, contournant prudemment l’arène désertée ou des robots de la taille et de la forme de grille pain nettoyait maintenant les tâches de sang et ramassait les fragments d’os sur le revêtement en plastique gris immaculé tandis qu’un couple de femme attendait tranquillement leur tour pour se battre.
  Il était presque arrivé à la sortie lorsque les portes en plastacier se refermèrent devant son nez avec un claquement sec et brutal.
  Andrew resta coi, un moment, décontenancé, puis il se rendit compte que tout était silencieux derrière lui, lorsqu’il se retourna, toute la foule le regardait. La plupart des gens –enfin, ceux d’entre eux assez humain pour qu’il puisse décrypter leurs regards- semblaient être amusés, mais certains avaient l’air carrément choqués.
  Kwan, regarda la foule en fronçant les sourcils. Puis délivré de sa retenue par l’alcool, il hurla vers le comptoir : - OUVREZ LA PORTE !!!
  Il y eut quelques rires, un sourd brouhaha montait de la foule. Peut-être qu’aucun d’entre eux ne comprenais l’anglais, se dit-il.
  - OUVREZ LA PORTE ! Cria-t-il a nouveau.
  Il n’obtint pas plus de réaction. Lorsqu’il se décida à trouver le barman, la foule se fendit devant lui comme s’il était un pestiféré. L‘humeur de Kwan s’assombrissait de seconde en seconde.
  Il était a mi-chemin du bar, lorsque Darryl Jamemba fendit la foule qui s’écartait devant lui, le laissant passer, armé de son sourire de fauve et d’un halo de lumière mystique holoprojetée autour lui. Le personnage était si flamboyant que Kwan faillit ne pas remarquer le petit homme à l’élégance discrète qui l’accompagnait. Il  revêtu d’une combinaison de sport sur lequel le nom du bar avait était inscrit en lettre vert fluo qui l’accompagnait.
  - Alors, qu’est-ce qui se passe ? Demanda Daryl. On essaie de se défiler ?
  - Qu…quoi ? Demanda Kwan totalement pris au dépourvu.
  Il devint instantanément le centre d’attention de tout le bar.
  - Hé réveille-toi le « l’onde plate » ! Faut garder la réalité augmentée à l’œil ! Dit Daryl d’un ton amusé.
  - Hein ? Fut tout ce que put répliquer Kwan.
  - Oups ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Ton brain à dépasser la date limite ?
  Kwan ne trouvait pas la plaisanterie fine, mais cela n’empêcha pas une vague de rire de s’élever autour d’eux.
  Le petit homme en survêtement prit la parole doucement, d’un ton apaisant.
  - Vous n’avez pas consulté la charte du Colisée ?
  - Euh…non, je ne l’ai vu nulle part. Avoua Kwan, de plus en plus prit au dépourvu. Il n’y avait pas de panneau d’affichage.
  - Votre module RA. Dit le jeune homme avec un ton compréhensif et patient.
  - Merde ! Jura Kwan.
  - Merde ! L’imita Daryl avec férocité. C’est le cri de guerre des « ondes plates » ! Merde ! Un aviotrope ! Merde, je sue ! Merde, j’ai la grippe ! Merde j’ai a peine un siècle et je perd mes cheveux ! Quand on comprend rien au monde mon vieux, on sort pas de sa zone publique, tu sais ?
  La seule chose qui empêchait Kwan de tenter de lui fracturer le nez était le souvenir de deux des membres de l’équipage de la Barque Jaune se faisant embarquer par la police moins de trois minutes après avoir tenter d’agresser un passant dans la zone Nexus, et pourtant, d’après ces souvenir de la nouvelle Shangaï, ils ne s’y étaient pas si mal pris.
  - Je n’avais pas regardé. Dit sobrement Kwan au latino.
  - Et qu’est-ce qui tu regardais pendant tout ce temps ? Dit Daryl.
  « L’homme génétiquement modifié pour le succès » prit les lunettes en un éclair et les brancha sur un élément en plastique situé prêt du col de sa veste.   
  « Bon déjà, les lunettes de ce type, c’était bien genre y’a un siècle. Elle devrait être au musée tu sais, juste a côté de toi ! »
  Nouveau rire des badauds.
  Kwan fit un pas vers Daryl, mais le latino l’en dissuada d’un regard apaisant.
  « Alors, voyons la puce mémoire… oh ! Les étoiles brisés ! on a la nostalgie du bon vieux temps ? Dingue ça ! T’as quel âge machin ? »
   - 25 ans. Répondit Kwan en tentant d’être patient.
  « Vingt-cinq ans et des goût de p’tit vieux ? ça craint ! T’es carrément pré-spatial ! Tiens, à propos machin, c’est quoi ton nom ? »
- Andrew Weï Kwan. Grommela-t-il.
- Qu’est-ce t’as dit ?
- Andrew Weï Kwan ! Dit-il plus haut.
  «Merci, on va continuer à t’appeler machin, sans rancune, hein ? Bon, ensuite qu’avons-nous ? »
  Un cri d’amusement monta de la foule lorsque Daryl rediffusa en panoramique l’hologramme du film pornographique Karnos.
  « Ah, les cinq sens de Fleur charnelle ! Tu sais que c’est un truc de nana, ça ? Le POV est uniquement branché sur celui de l’actrice. Alors t’es juste ignare où réellement tordu ? Nan répond pas, j’veux pas savoir !»
  Nouveau rire. Un type tout prêt avais du se faire greffer les cordes vocales d’une hyène, littéralement.
  - Mais qui êtes vous bon sang ? Finit par crier Kwan, exaspéré.
  Darryl cessa de regarder les lunettes, et se tourna lentement vers Kwan, son sourire peps dents étincelant.
  - Je suis Daryl Jamemba, « l’homme génétiquement modifié pour le succès », susurra une voix féminine d’un ton post orgasmique par-dessus le brouhaha de la foule. Le mec le plus élite de tous le système Shandar ! Ajouta-t-il en élevant progressivement la voix jusqu’à un volume surhumain. Mon corps a été taillé pour être style, mon esprit modifié psychiquement pour être cool. Mon éclat éclipse celui des étoiles, ma célébrité est planétaire ! Mes faits et gestes sont mâtés par des milliards d’individus branchés dans tout le système ! Je suis… 
  Et la foule rugit en cÅ“ur, presque hystérique.
  - Daryl Jamemba !
  Et l’hologramme de son nom de s’afficher en lettre enflammée stylisé, soulignée par la queue d’une étoile filante.
  - Ok, j’peux m’en aller, dit Andrew, à bout.
  - Je suis désolé. Dit le petit latino en survêtement. Vous ne pouvez pas.
  - Pardon ? Pourquoi ?
  - Ce que Manuel Shotaro essaie de te dire, dit Jamemba, c’est que tu vas devoir te battre dans l’arène.
  Kwan resta ahuris un instant.
  - Ce bar est une nation indépendante ralliée au Nexus, Monsieur Kwan. La charte du bar stipule que tout individu entrant pour la première fois dans le Colisée doit se battre en duel…
  - Vous vous foutez de moi ? s’exclama Kwan.
  - Et ton adversaire sera… Daryl Jamemba ! Le gimmick revint en force. 
  Daryl écarta les bras, et n’eut même pas besoin de faire un geste pour enlever sa veste, ses vêtements s’éteignirent et se rétractèrent utour de sa ceinture, révélant un torse nu, dépourvu de pilosité, semblant avoir été sculpté par quelques dieux en mal de perfection esthétique virile.   
  Un choeur de midinette se mit à hurler de façon hystérique.
  - Mais pourquoi je serais obligé de me battre contre…cet abruti ? Demanda Kwan à Shotaro.
  - C’est la loi. Vous écoperez d’une amende si vous ne vous soumettez pas. Répondit le gérant.
  - C’est idiot ! C’est insensé ! S’exclama Kwan.
  - C’est notre seul moyen pour fournir de l’alcool à bas prix à nos client…répondit Shotaro. Tout est dans la charte qui s’affiche automatiquement à l’entrée.
  - Mais je ne l’ai pas approuvée !
  - Vous l’avez fait de façon tacite au moment ou vous êtes entré. Désolé, je ne suis que le gérant, pas le propriétaire. Je ne fais qu’appliquer la loi.
  - Allez « Onde Plate », je t’attends !
  Et Daryl Jamemba fit un saut périlleux arrière pour atterrir dans la fosse avec la grâce d’un félin. Kwan se sentît déglutir.
  - Et si j’essaie de sortir sans me battre ? Demanda Kwan.
  Le ton de la réponse de Manuel était plein d’une compassion compréhensive et apitoyée.
  - Je ne vous en empêcherais pas personnellement, et je vous comprend, mais vous devriez passer les videurs X’aï, dit Manuel, et ensuite il vous faudrait franchir les portes blindés. Si vous parveniez à sortir malgré cela, votre module RA ou le nôtre signalerait automatiquement votre sortie aux services de sécurité du Nexus et à la compagnie de sécurité avec laquelle nous avons un contrat…
  - Ca va, ça va ! J’ai compris ! Rugit Kwan en piquant le verre à une groupie offusquée pour le vider cul sec. Puis il se dirigea d’un pas résigné vers l’arène tandis qu’autour de lui la foule scandait le nom de Daryl. Manuel le suivit.
  - Un dernier mot sur les règles monsieur. Avant de vous battre, vous devrez ôter vos bottes, votre ceinture, votre veste et vos chaussettes. Si votre adversaire ne peut plus se relever, dit stop où ne peut plus se battre : le combat s’arrête. Dans la mesure où vous avez librement consentît à être entré dans nos frontières, les éventuels frais d’hôpitaux ne sont pas pris en charge par notre nation.
  Kwan ôta ses vêtements un as un et Manuel les attrapa au fur et a mesure.
  - Laissez-moi deviner, dit Kwan par dessus son épaule, il a le droit de me tuer !
  Manuel eut l’air choqué pendant un cours instant, puis reprit toute sa composition. 
  - Bien sur que non, monsieur Kwan. Le Colisée est une nation civilisée !
  Kwan se retourna complètement vers Manuel et regarda le petit homme. Il hésitait entre éclater de rire et lui mettre un coup de poing au visage. Finalement, il roula des yeux en grognant avant d’entrer dans l’arène ou Daryl tournait en rond en saluant le public.
 

  Andrew profita du fait que Daryl lui tournait le dos pour lui envoyer un coup de pied en pleine tête. Il frappa si fort qu’il se fit mal tout seul.
  Darryl fut projeté a terre. C’était le genre de coup qui aurait mit n’importe quel homme ordinaire K.O.
  La foule couvrit Kwan d’insulte et le hua. Il n‘écouta pas et se rua sur la vedette pour lui grimper dessus et s’acharner à coup de poing pour démolir son visage parfait.
  Il démolit le nez de Jamemba en deux coups de poing haineux. Kwan sentit en lui l’ivresse de la haine se mêler à celle de l’alcool. 
  Mais Jamemba était toujours conscient, d’un geste d’une force que son physique d’apollon ne laissait même pas présumer, il repoussa Kwan et se dégagea.
  Kwan roula en arrière et se releva, peut-être un peu moins agilement que prévu à cause de tout l’alcool qu’il avait ingurgiter. Tandis que Jamemba se relevait sans même un signe de douleur.
  Le slogan « Génétiquement modifié pour le succès. » traversa le crâne de Kwan, une peur insidieuse se mit à lui dévorer les tripes.
  La foule scanda à nouveau le nom de Jamemba et le barman poussa la musique a fond. Jamemba se mit à danser un moment devant Kwan avant de lui asséner un coup de pied retourné foudroyant que Kwan para à grande peine.
  Le choc fit grincer son humérus.
  Les os de Daryl semblaient être en acier, sa chair en béton armé. En sentant son bras, Kwan se rendit compte qu’il ne pourrait pas parer un coup du même genre deux fois.
  « Singe coureur »  grommela le souvenir du Sifu quelque part dans l’esprit de Kwan. Tout ce qu’il avait voulu, c’était boire un dernier verre avant de finir en zone publique. C’était vraiment un bled pourri.
  Kwan se força à se détendre en jaugeant son adversaire. Le seul coup de pied de Daryl avait amplement suffit pour le désaoûler. 
  Les Parents de Kwan l’avait obligé à apprendre le Wu Shu, nom chinois du Kung Fu, pour des raisons de représentation sociale et parce que l’essentiel de l’élite de la Nouvelle Shangaï l’apprenait aussi. Kwan n’avait pas été le meilleur élève, mais il compensait par la pratique : chaque Samedi, pour aller aux cours de rattrapage, il devait subir le harcèlement du gang local de son quartier.
  Le coup de poing foudroyant de Daryl, passa au travers des souvenirs de Kwan, il l’évita de justesse et contre attaqua d’un coup de coude directement dans les côtes : Il eut l’impression de frapper un coffre-fort.
  La vedette recula à peine et contre attaqua avec un coup de genou qui fila droit vers le menton de Kwan, il parvint à l’esquiver partiellement et le genou ne fit frotter la joue du chinois, y laissant une trace rouge vif.
  Jamemba était incroyablement rapide, et Kwan ne put qu’esquiver désespérément pendant dix interminables secondes avant de pouvoir esquisser une contre attaque. A chaque mouvement de leur idole, la foule scandait son nom de façon fanatique.
Kwan se rendit compte qu’il esquivait de plus en plus facilement les coups de son adversaire, et il réussit à lui envoyer un enchaînement de coup de poing, espérant entamer les viscères qui se cachaient derrière l’armure de muscle.
  Pour la peine, il prit un coup de poing qui fit exploser son arcade sourcière gauche. Une partie de son panorama devint noir de sang. Cherchant désespérément à se remettre en garde il recula, mais Jamemba fut sur lui presque aussitôt et le pressa contre le mur de l’arène.
  Kwan se retrouva dos au mur lorsqu’il vit un direct filer vers lui a la vitesse d’un train électromagnétique. Il connaissait le geste par cÅ“ur et esquiva le coup de manière réflexe, le poing alla s’écraser contre le mur.
  Kwan roula à droite pour s’éloigner tandis que Daryl hurlait en tenant le poing qu’il venait de se fracturer.
  « Dis stop ! » pensa Kwan en regardant la star étreindre sa main droite. Il réalisa soudain qu’il aurait put mettre fin au combat de lui-même dés le début, mais il ne l’avait pas fait. Ce n’était pas une question de perdre, ni de gagner. C’était le fait qu’il pouvait enfin rendre les coups à un univers qui défiait sa compréhension et qui ne semblait ne vouloir que sa mort.
  Daryl se remit en garde.
  Kwan se frotta l’œil pour dégager son sang, reprit son souffle et attendit Daryl.
  Visiblement, la star ne s’attendait pas à ce que le combat dure aussi longtemps, ni le restant de la foule d’ailleurs.
  Andrew saisi avec une satisfaction furtive le regard de Manuel, au bord de l’arène, manifestement impressionné et intéressé par le combat. Les cris de la foule s’étaient calmés, même si les minettes de Jamemba continuaient d’hurler son nom.
  Darryl repassa à l’attaque, mais tous ses gestes avaient un caractère téléphoné, et même le champ de vision ensanglanté de Kwan ne l’empêchait pas d’esquiver avec aisance chacun de ses mouvements.
  Soudain, Kwan compris le secret de Jamemba.
  Il sourit en esquivant le coup de pied suivant, et envoya un coup à l’articulation du genou qui résista obstinément et ne céda pas. Kwan aurait put parer les yeux fermer le coup de coude que Daryl tenta de lui asséner sur le crâne, Kwan contra avec un coup de pied directement envoyé au plexus solaire, mais le corps de son adversaire était si solide que tout ce qu’il parvint a accomplir fut de se propulser tout seul en arrière.
  Des rires éclatèrent tout autour de l’arène, venant des amateurs, des fans de Jamemba. Jamemba lui-même lui souriait, et lui fit signe de venir.
  Kwan réfléchit a nouveau à toute vitesse : son adversaire lui était infiniment supérieur physiquement. Lui-même avait été tenu en forme par l’entraînement militaire de la fraternité Céleste et les entraînements de Wu Shu qu’il continuait chaque jour, mais le corps de Daryl était tout simplement inhumain : doté d’une meilleur allonge, de muscles et des os en béton armé animé par des réflexes pareils à ceux d’un tigre.
  A cela, Kwan ne pouvait opposer que son art martial et ses connaissances pratiques. Et même si le secret de Jamemba lui permettait d’éviter les coups les yeux fermés, il était clair que la star et son corps boosté a mort pourrait tenir plus longtemps que lui.
  A un moment où un autre, Kwan se retrouverait à bout de souffle, et Daryl l’achèverai.
  A bout de souffle…
  Tout en esquivant une nouvelle série de coup, chacun d’eux passant plus près que le suivant, l’idée éclot en lui comme l’éruption d’un volcan.
  Kwan s’écarta a nouveau, et arracha la jambe droite de son pantalon sous le regard interloqué de tous. Lorsque Jamemba attaqua a nouveau d’un de ses direct du droit parfaitement similaire a tous les autres, Kwan esquiva, fit fouetter le lambeau de tissus autour de la nuque de la star qui riposta avec un coup de poing qui lui fêla l’une de ses côte.
  Mais c’était trop tard.
  Kwan, désormais tout proche, passa derrière Daryl en glissant derrière lui, l’étranglant avec le tissu.
  Le corps de Daryl pouvait être génétiquement modifié pour le succès, il avait besoin de respirer comme tout le monde.
  Daryl suffoquait, ses bras battaient l’air désespérément, aussi vif et dangereux que les pâles de l’hélice d’un avion en vol, mais il tomba à genoux, à cours d’air. La côte de Kwan lui faisait effroyablement mal, mais l’ivresse de la victoire toute proche l’empêchait de lâcher, mieux, il lui donnait toute la sauvagerie nécessaire pour serrer plus fort encore.
  Dans les derniers instants, Kwan craignit que son adversaire ne déchire le tissu pour se délivrer. Sa force le lui aurait permit, mais Daryl n’était qu’un poser.
  Il n’y pensa jamais.
  Lorsque son adversaire s’effondra finalement, Kwan, investi d’une furie vengeresse lui décocha un coup de pied juste derrière la nuque.
  Il y eut un craquement sinistre.
  Le silence se fit instantanément.
  Kwan regarda le cadavre de Daryl avec effroi. Il avait filé la raclée à pas mal de gens lorsqu’il avait vécu à la Nouvelle Shangaï, mais c’était la première fois qu’il tuait un homme.
  « Merde. » Laissa-t-il échapper.
  Soudain, une nuée de petite lumière rouge s’allumèrent dans l’obscurité du bar.
  - Je ne l’ai pas fait exprès ! » cria Kwan.
  - Andrew Weï Kwan ! Tonna une voix artificielle. Vous êtes en état d’arrestation pour meurtre !
  La foule s’écarta, on entendit un cri de femme terrifiée venant des groupies lorsqu’un essaim d’insectes métalliques gros comme des oiseaux, munis dont les lueurs rouges étaient autant de senseurs, surgirent de l’obscurité. Oubliant son entraînement de Wu Shu, terrifié, Kwan recula en tentant de repousser les robots frénétiquement. Peine perdue, l’un d’eux lui injecta une dose massive de sédatif avec le dard lui servant de seringue.
  Kwan tomba inconscient presque instantanément.


  Andrew Weï Kwan reprit conscience sur un lit de mousse posé à même le sol dans une cellule blanche capitonnée.
  Il se releva, et se rendit compte tout a coup qu’il ne sentait plus la douleur de sa côte fêlée, son champ de vision était clair, et il se sentait inconfortablement bien, frais, et dépourvu de tout stress. 
  Il n’y avait pas de porte dans la chambre, pas d’ampoule, et la lumière semblait venir de nulle part. Kwan se demanda une fraction de seconde s’il rêvait, se pinça, et remarqua alors son survêtement blanc cassé, avec l’inscription HOPITAL écrit dessus.
  Kwan eut un rire amusé : même dans le futur, les tenues d’hôpital des patients restaient moches… 
  Une musique relaxante se fit entendre dans la chambre.
  Il s’assit et attendit.
  Il songea avec amusement qu’il avait essayé d’échapper à ses parents, à son pays et à son éducation toute sa vie, et qu’il n’avait jamais été plus malheureux que lorsqu’il avait réussis.
  Il ne s’écoula pas cinq minute avant qu’une porte se forma dans la mousse constituant les mus de la cellule.
  Une Karnos magnifique à la crinière brune, vêtue d’une robe pratique et élégante entra dans la pièce, immédiatement suivie de Manuel Shotaro et de ce qui ressemblait à un infirmier portant des vêtements.
  - Bonjour monsieur Kwan, je suis Vérité Chase, votre avocate et vous êtes libre !
  Kwan se leva pour les accueillir tout en s’efforçant de cacher l’érection naissante déformant son pantalon.
  - Pa…pardon ? balbutia-t-il.
  - Votre procès vient de se conclure. Vous avez été jugé in abstentia, et votre cas était plutôt clair. Dit-elle.
  - J’ai tué cet homme ! Dit Kwan avec une honnêteté qui le surprit lui-même.
  La Karnos sourit.
  - Pas réellement, son cÅ“ur s’est arrêté mais l’implant de la compagnie médicale l’a avertis suffisamment tôt pour que l’hôpital sauve son cerveau de l’asphyxie. Son cerveau attend quelque part dans un hôpital de la station la greffe de son nouveau corps.
  Kwan resta silencieux une seconde. Hormis ses oreilles pointues, les cornes délicates émergeant de sa crinière brune, et ses formes voluptueuse d’une beauté inhumaine, Vérité Chase ressemblait une gweïlo européenne, ce qui ne faisait que la lui rendre encore plus attirante. 
  L’érection de Kwan se rappela à lui. Vérité baissa les yeux, sourit.
  Il se retourna par réflexe.
  - Inutile, dit Vérité dont l’amusement était perceptible dans sa voix, je suis empathe, votre attirance sexuelle pour moi est aussi flagrante que si vous étiez nu.
L’infirmier rit.
  Kwan jura mais rit de bon cÅ“ur.
  - Ok, donnez-moi mes vêtements, alors !
  L’infirmier le lui donna et s’éclipsa, en les dépliant Kwan se rendit compte qu’ils étaient neufs et n’était pas les siens.
  - Ce ne sont pas mes vêtements.
  - Les vôtres étaient déchirés. Dit Manuel. Je vous en ais acheté de nouveau.
  - Je n’ai pas d’argent, vous savez…
  - Plus maintenant. Dit Vérité. Manuel a acquis et revendu les droits médiatiques de votre combat à toutes les chaînes du système. Elles ne peuvent diffuser le combat sans vous verser vos droits.
  - C’est comme ça, que j’ai acquis une avocate de votre calibre ? Demanda Kwan a moitié sérieusement.
  - Non, dit Manuel. Daryl… Vous tapait-il sur les nerfs ?
Kwan ricana.
  - Plutôt oui…
  - Et bien vous n’étiez pas le seul. Dit Manuel en souriant. Des parents, des gens qu’il a humilié en direct : il y a tout un lobbying uniquement préoccupé par la destruction de son image, et encore un autre défendant le droit des « décongelés». Ils se sont partagés les frais de justice.
  - Et je me suis assurée que vous touchiez des dédommagements.
  - Hein ? Demanda Kwan.
  - J’ai tablé sur le fait que vous étiez ivre et qu’il vous avait manipulé à des fins purement médiatiques.
  - Vous êtes une star dans tout le système, maintenant. Dit Manuel. En battant Jamemba, vous l’avez humilié et détruit son image lorsque vous, avec un génotype antédiluvien, avez battu « l’homme génétiquement modifié pour le succès »… des tas de gens veulent devenir vos disciples…et des tas d’autres veulent votre peau d’ailleurs.
  Kwan commençait à comprendre comment fonctionnait le Nexus. Il acheva de s’habiller et ils sortirent. Dans le couloir, d’énormes pieuvres multicolores nettoyaient le sol de leurs longs tentacules. Andrew n’en avais encore jamais vu et fut surpris de l’aisance avec laquelle il accepta leurs présences. Il s’arrêta pour regarder les animaux un instant.
  - Tout va bien ? Demanda Vérité.
  - Je me sens…serein. Dit Kwan en repartant.
  - C’est normal, dit Manuel, vous êtes drogués à l’essence bleue. Elle inhibe partiellement votre stress.
  Andy accepta son état avec l’indulgence d’un moine zen.
  - Oh.
  - Kwan, demanda Manuel d’un ton inquiet, avez-vous des projets pour l’avenir ?
  Kwan sourit. Dépourvu de stress, il avait l’esprit bien plus clair. 
  -  Qu’essayez-vous de me proposez ? demanda-t-il avec indulgence.
  Manuel éclata d’un rire paisible et contagieux.
  - Je vous aide à vous établir votre dojo sur Shandar, et à faire votre publicité en échange d’une part dans votre entreprise, ainsi que d’un poste d’administrateur.
  - Pourquoi pas ! Soupira Kwan, j’imagine qu’il y a au moins un Lobbying qui voudra bien mettre des fonds dedans, dit-il en souriant à Vérité. Vous ne voudriez pas nous servir d’intermédiaire ?
  Vérité eut un sourire amusé.
  - Pourquoi pas ? Répondit-elle. Vous commencez à vous adaptez, je vois.
  - Ouais, j’aimerais bien sortir les autres membres de la Barque Jaune de la zone publique, vous pensez que c’est possible ?
  - Tout à fait. Répondit Vérité.
  - Une dernière question, Mr. Kwan. Comment avez-vous fait pour vaincre Jamemba ? Demanda Manuel.
  Kwan réfléchit un long moment. Il attendit de sortir de l’hôpital pour répondre :
  - Je crois que je vais garder ce secret entre moi et Daryl. Dit-il. Histoire de garder une image de mystique.
  Manuel eut un nouveau rire paisible, manifestement amusé : - Comme vous voulez, dit-il. Voici votre nouveau module RA.
  Et il lui tendit une boite assez petite pour tenir dans sa bouche, il l’ouvrit et découvrit une pilule.
   - Avalez ça, les nano machines vous les implanteront sur votre système nerveux en trois heures. Vous ne sentirez qu’une très légère irritation. Le réseau vous guidera vers chez vous. Passez une bonne journée et soyez prudent !
  - Merci, dit Kwan en avalant la pilule. Bonne journée.
  Et il regarda disparaître Manuel dans la foule bigarrée du monde qui était désormais le sien.
  - Ca vous ennuierait si je vous prenais comme avocate a temps plein ? Demanda Kwan à Vérité.
  - Ca ne m’ennuierait pas si vous me preniez tout court. Répondit-elle du tac au tac avec un sourire féroce. Mais je vous préviens, je suis une avocate et une Karnos, et si vous avez toute ma sympathie et mon désir, vous n’aurez jamais mon amour. Ni ma profession ni mon espèce ne sont capable de l’éprouver.
  Kwan encaissa la réponse avec un haussement de sourcil.
  - Nul n’est parfait, j’imagine ! Dit-il en souriant tranquillement. Bonne journée.
  La Karnos resta surprise un instant, puis sourit.
- Bonne journée. Ce sont vos quinze secondes de gloire, tâchez de les faire durer encore.
- Comptez sur moi ! Répondit. 
  Et elle disparu à son tour dans la circulation.
  Andy regarda le Nexus, il s’étendait et explosait devant lui comme son avenir. Il allait enseigner le Wu Shu. Il allait aider ceux de la Barque Jaune. En lui-même et en sa vie se trouvait sa propre richesse. Il sourit en pensant à Daryl, « l’homme génétiquement modifié pour le succès ».
  Ses gènes ne lui appartenait pas plus que ses mouvements : préenregistrés sur l’interface cybernétique par un autre. C’était une technologie plus vieille que Kwan qui faisait vivre Daryl en playback, une fois les premiers coups donnés, plus aucun des ces coups ne pouvait surprendre un homme qui avait réellement vécu.
  Kwan regarda le ciel : c’était un dôme bleu horizon semi-transparent, coupés en deux par la gigantesques planète rouge autour de laquelle tournait la cité orbitale de la Nouvelle Shandar. Non loin, des oisillons au QI augmentés chantaient et parlaient entre eux dans les branchages d’arbres aux feuillages multicolores et aux fleurs vidéo.
  Il s’approcha d’un arbre, cueillit délicatement l’une des fleurs rediffusant le souvenir de ses quinze secondes de gloires. S’il l’arrosait un peu, peut-être ne fanerait-elle pas, et avec un peu de chance, il pourrait bien en cultiver un jardin entier.   


Et voilà, j'espère que ça vous as plus wink


"Le Pr. Luhkah a toujours quelque chose à dire !"

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#3 17-11-2009 09:53:01

Docmorbide
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Re: Une nouvelle pour Exosphère...

Alors voilà une petite critique de ta nouvelle.

C'est du bon ! Honnêtement c'est avec plaisir que j'ai lu ça dans le train l'autre jour.  L'idée de prendre un type sorti de décongélation qui a 300 ans de retard sur le reste du monde est bonne. On découvre ainsi le monde par ses yeux. Après on discerne deux parties dans ton texte. La première où tu décrit ce que voie ton héros (antihéros d'ailleurs) et le combat où l'action prend le dessus. J'aime bien le rythme générale du truc ainsi que l'humour que tu as développer.

La première partie du récit devrait être légèrement retravaillé dans le sens qu'on se perd un peu entre les flashs backs et la réalité ; le fil conducteur est rompu par endroit mais on arrive quand même à suivre si on réfléchi un peu. La deuxième partie est bien plus « classique » (insulte, situations désespéré, baston, happy end), elle complète bien la première qui avait un ton bien différent.

Bref, j'aime smile


JDRA mythologique :  http://tylestel.free.fr/

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#4 06-12-2014 20:34:54

sanimirza606
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Re: Une nouvelle pour Exosphère...

Andy regarda le Nexus, il s’étendait et explosait devant lui comme son avenir. Il allait enseigner le Wu Shu. Il allait aider ceux de la Barque Jaune. En lui-même et en sa vie se trouvait sa propre richesse. Il sourit en pensant à Daryl, « l’homme génétiquement modifié pour le succès ».
  Ses gènes ne lui appartenait pas plus que ses mouvements : préenregistrés sur l’interface cybernétique par un autre. C’était une technologie plus vieille que Kwan qui faisait vivre Daryl en playback, une fois les premiers coups donnés, plus aucun des ces coups ne pouvait surprendre un homme qui avait réellement vécu.


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